Matiti : retour sur une usine ultra-moderne d’eau potable

L’usine d’eau potable Serge ADELSON de Matiti fête ses 10 ans de mise en service en juin 2025.

A l’occasion de cet anniversaire, nous retraçons la genèse de cette usine qui demeure à ce jour l’usine de production d’eau potable la plus moderne de Guyane.

1998 : l’héritage

En 1998, les mairies de Cayenne, Macouria, Matoury, Montsinéry-Tonnégrande, Rémire-Montjoly et Roura créent la Communauté de communes du centre littoral – CCCL pour mutualiser leurs moyens et augmenter la qualité de leurs services. Elles lui transfèrent la charge de produire et distribuer l’eau potable aux habitants du territoire. Avec la gestion des déchets, la production d’eau potable est l’une des premières compétences historiques de notre intercommunalité.
La CACL hérite ainsi de la gestion de 3 usines existantes et en ouvre une nouvelle à Cacao :

  • l’usine du Rorota mise en service en 1886
  • l’usine de la Comté mise en service en 1974
  • l’usine de Roura réalisée en 1976
  • l’usine de Cacao réalisée en 2004

2013 : genèse d’un projet moderne et durable

En 2012, la population du territoire est passée de 99 000 habitants en 1998 à 121 400. La CCCL devient une communauté d’agglomération connue aujourd’hui sous le sigle CACL.
Soucieuse de cette évolution démographique et, par conséquent, de l’augmentation des besoins en eau potable de sa population, la CACL anticipe un potentiel déficit de ressource en eau.
Elle cherche à sécuriser et diversifier cette ressource en eau potable qui était jusqu’ici assurée majoritairement par l’usine de la Comté.
Les recherches s’orientent naturellement à l’ouest du territoire dont le développement urbain est le plus intense.
Prospectives et études écartent d’abord le site de la rivière Tonnégrande en raison d’un éventuel déficit lors des épisodes d’étiage (baisse périodique du cours d’eau, comme lors de la saison sèche).
La solution retenue est celle d’un captage de l’eau du fleuve Kourou, dans le secteur de Matiti à Macouria.
Les travaux d’une toute nouvelle usine débutent en 2012.
Dénommée Usine Serge Adelson, en hommage à l’ancien maire de Macouria (1941-2012), elle sera mise en service en 2015.

Un défi technique et environnemental

Le choix du mode de fonctionnement de l’usine est porté par la volonté de la CACL de satisfaire aux évolutions réglementaires concernant la qualité du traitement des eaux brutes. Son processus moderne de traitement limite l’utilisation de sous-produits : la désinfection des germes par un système d’irradiation de l’eau par UV permet une moindre utilisation de chlore.
L’architecture de l’usine est durable. Sa compacité permet la libération de la surface foncière et optimise les travaux de réalisation et les coûts d’exploitation. Les équipements ont été choisis pour la limitation de leur empreinte environnementale et les bâtiments conçus pour réduire au maximum leur entretien.

La capacité de production de l’usine est de 24 000 m3/jour.
Sa production réelle en 2023 était de 2  565 543 m3, soit environ 7 000 m3/jour (selon le rapport annuel du délégataire, la Société guyanaise des eaux – SGDE).

10 ans plus tard, toujours à la pointe

L’usine Serge ADELSON représente encore en 2025 une installation à la pointe de la technologie qui protège, optimise et sécurise durablement cette ressource vitale qu’est l’eau et garantit sa disponibilité et sa qualité sanitaire pour plusieurs décennies.
Aujourd’hui, elle alimente les habitants de Macouria, Montsinéry-Tonnégrande et l’ouest de Matoury. Grâce à la passerelle d’adduction installée en 2020 sur le pont du Larivot, elle vient en renfort des autres usines de la CACL en cas de crise majeure.

L'usine de production d'eau potable Serge Adelson à Macouria

L’usine de Matiti vue du ciel.

Comme la plupart des infrastructures de la CACL, l’usine peut-être visitée par les scolaires dans le cadre d’un programme pédagogique ou lors de portes ouvertes organisées par la CACL, comme ce 18 juin 2025.

Comment fonctionne l’usine de Matiti ?

Une fois prélevée sur le fleuve Kourou, l’eau brute est soumise à plusieurs types de traitement :

Étape 1 : Dégrillage et tamisage
L’eau pompée est d’abord filtrée à travers une grille afin d’arrêter les plus gros déchets, puis elle passe dans des tamis à mailles fines retenant des déchets plus petits. L’eau brute est en permanence analysée pour ajuster le traitement à sa composition.

Étape 2 : Floculation et décantation
Un coagulant (chlorure ferrique) est ajouté à l’eau pour rassembler en flocons les déchets encore présents (poussières, particules de terre, etc.). Ces flocons se déposent au fond du bassin de décantation ; 90 % des matières en suspension sont ainsi éliminées.
Étape essentielle à la production d’eau potable, la décantation permet d’isoler et d’éliminer les matières en suspension contenues dans l’eau à traiter. Le procédé « Pulsatube » adopté à l’usine de Matiti est un décanteur lamellaire à lit de boue pulsé qui permet de réaliser les opérations de coagulation, floculation et décantation dans un seul et même ouvrage.
Sa conception particulière permet de garantir une qualité parfaite de l’eau décantée, grâce à l’installation de modules lamellaires, quelles que soient les variations de qualité et de débit d’eau brute. Les boues formées par la floculation (ajout de produits de traitement) constituent une masse en expansion qui est en fait un lit de boue. L’eau préalablement coagulée circule de bas en haut de manière régulière et uniforme au travers de ce lit de boue, et ressort clarifiée à la surface du décanteur.
Le Pulsatube est simple d’utilisation grâce à la superposition dans un même ouvrage des zones de floculation et de clarification avec un seul moteur par ouvrage. De plus, sa consommation énergétique minimale (~ 5 kWh/m3), ses pertes en eau réduites et la dose très faible de polymères permettent de préserver l’environnement.

Étape 3 : Filtration
L’eau traverse un filtre, lit de sable fin (et/ou un filtre à charbon actif lors de très forte turbidité ou de pollution accidentelle). La filtration sur sable élimine les matières encore visibles à l’œil nu. Les filtres à charbon actif retiennent les micropolluants, comme les pesticides.

Étape 4 : Désinfection
La désinfection par UV est le procédé mis en œuvre à l’usine d’eau de Matiti. Les systèmes d’irradiation UV désinfectent en inactivant les micro-organismes pathogènes, comme les virus, les bactéries ou les parasites. L’effet germicide des UV dépend de la dose mesurée en mJ/cm², qui est le facteur entre l’intensité UV et le temps d’irradiation dans le réacteur.
Du chlore est ajouté à l’usine de production et sur différents points du réseau de distribution et notamment au niveau du réservoir de stockage du petit Matoury afin d’éviter le développement de bactéries et de maintenir la qualité de l’eau tout au long de son parcours dans les canalisations.

Étape 5 : Traitement des boues
Les eaux issues du lavage des filtres sont dirigées vers une bâche tampon puis vers deux lagunes de décantation pour récupérer les matières en suspension.

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